De la nécessité de la beauté

La beauté porte en elle un mystère.

Tel un ange, elle infuse le sens de notre vie dans notre quotidien, soigne et nourrit notre âme.

Conscience

Après plusieurs jours de marche en autonomie, dans les Hautes-Alpes, nous arrivons dans une station de ski. L’herbe est sèche, les pistes rugueuses, les remonte-pentes tristes. La laideur du lieu est « plombante » : avez-vous remarqué que la laideur nous atteint dans notre tonus ?
Une prise de conscience me saisit :  je comprends mon besoin vital de beauté.
Beaucoup de nos villes, de nos habitats sont conçus pour être pratiques, utiles, rentables… le souci de l’esthétique est rare, voire inexistant.  
Je n’avais pas mesuré comment la laideur pouvait impacter à ce point notre énergie.

D’où cette idée que je partage avec vous : se nourrir de beauté apporte de l’énergie de vie pour soi et les autres.

« C’est beau » 

Face à un paysage, une œuvre, un tableau, une musique, une fleur, un geste d’amitié, d’amour, un enfant qui sourit, nous pouvons entendre le cœur nous susurrer : « c’est beau ».

Le temps d’un instant, une émotion  nous dilate le cœur et nous arrête. Un « je ne sais pas quoi de plus grand » nous remplit. Nous sommes comme arrachés à nous-mêmes, à la densité parfois médiocre de notre existence quotidienne.
Le « beau » a cette faculté de nous ouvrir à un plus grand que nous, à un au-delà qui adoucit l’existence. 

Se laisser envahir par la beauté rend léger, plus simple, plus vaste comme si l’œuvre entrait en nous, nous augmentait et que notre être se dilatait. La beauté a cette vertu de venir bousculer nos profondeurs. Quelque chose se met alors à sourdre de l’intérieur comme si une source au-dedans de soi se libérait et qu’un flot de douceur se mettait à couler. 
Nous faisons l’expérience de l’insaisissable qui comble l’âme le temps d’un instant. Elle nous met en contact avec le sens de la vie de manière physique et émotionnelle. La beauté est plus qu’un simple ornement. « Elle est un signe par lequel la création nous dit que la vie a du sens. » nous rappelle François Cheng.

L’ univers n’est pas une entité neutre et indifférente. La vie est plus qu’un agglomérat de cellules et de neurones. Nous faisons l’expérience que l’univers est mû par une intention que la vie a du sens même si on ne sait la nommer. La beauté  ne cesse de le dire,  le montrer, nous le faire sentir.

Se nourrir de beauté n’est donc plus seulement un luxe mais devient nécessaire.
Elle est une source de vie, une manière de cultiver la joie d’être, celle qui ne s’en va pas, que les indiens nomment « Ananda ». Connue des mystiques, des simples d’esprit, de certains artistes ou de personnes âgées, cette joie-là est le signe de l’éternité de la vie qui était là avant nous, n’a pas de fin car pas de commencement. Nous sommes nés en elle et elle se situe en permanence dans un espace intérieur cœur. Revenir à elle, la contacter par la médiation de la beauté réveille un frisson subtil et permanent, celui de la puissance de la vie en nous.
la beauté mets du sens dans  nos vie par l’ expérience de nos sens

Ceci étant mis en lumière, choisir de se nourrir et de cultiver la beauté devient une quête, une ascèse, une forme d’engagement.

Si la beauté est partout dans l’univers, des étoiles à une fleur qui s’ouvre, nous humains, sommes des créateurs libres. On peut créer par nos pensées, nos actes, nos mains. On peut créer utile sans se préoccuper du beau. Préoccupés par nos besoins, nos peurs, nous produisons aujourd’hui surtout utile, pas cher, en grande quantité. La beauté n’est pas invitée, en conséquence la laideur est assez souvent présente….
La beauté resterait l’apanage des artistes, de quelques obsessionnels, de ceux qui peuvent se le permettre. Cette croyance est non seulement fausse mais destructrice du sens de l’existence, de notre élan vital.

« La beauté est la charpente de l’âme humaine. Sans elle, demain, l’homme se suicidera dans les palais de sa vie automatique. » (Jean Giono, 1988).

Nécessité et responsabilité 

Il n’y a pas besoin d’être riche ou important pour se nourrir et créer du beau même si la majorité le prétende.

Tout travail peut devenir sacré, beau par l’attention, l’intention du cœur qu’on y met. La vie devient plus belle lorsque je choisis de faire tout ce que je fais en y mettant une semence de beauté.

Dans la manière dont  nous choisissons de faire les petits gestes du quotidien, nous avons le pouvoir d’insuffler du beau partout. : s’habiller, se nourrir, dire bonjour, écrire,   croiser un ami, un inconnu, régler un différent, conclure un contrat, réaliser son travail en général qu’il soit manuel ou intellectuel.

Cultiver la beauté au quotidien 

Vivre sa vie en se nourrissant, en semant de la beauté c’est arrêter de subir, de survivre. C’est commencer à reconnaître et choisir ce qui nous fait vivre. 

La présence de la beauté  peut devenir source d’inspiration pour créer nous aussi par nos actes, notre travail, de la beauté. 

Nous allumons ainsi notre petite lumière intérieure, source d’accomplissement personnel et de guérison pour les autres.

Anne Finot

 

2 Commentaires

  1. Safia

    Coucou Anne, je lis toujours ce que tu ecris avec grand interet parce que tu as le don de captiver ton auditoire et de mettre en lumiere ce qui fait du bien !

    Réponse
    • Anne Finot

      Un grand merci Safia. Ce message m’est précieux et donne du sens à ma quête.

      Réponse

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