Consentir au réel et à sa réalité pour vivre la joie

En osant consentir au réel, la joie par effet naturel s’invite comme compagne.

Le réel et notre réalité sont actuellement sombres

« Nous vivons aujourd’hui des temps sombres, de nombreuses manières. Nous voyons les situations sociales de nos sociétés s’aggraver, en même temps que la situation planétaire s’aggrave » ne cesse de nous rappeler Greta Thunberg nous invitant à la responsabilité d’agir.

En effet, la réalité 2020 à l’écoute des informations n’est pas trop réjouissante. Entre les grèves, les déréglementations climatiques, les virus, la hausse des prix des matières premières, la saturation des villes, la pollution, on peut se demander si le progrès que nous développons depuis dès la préhistoire ne va pas à l’encontre de la vie et de la joie de vivre.
Néanmoins, cette réalité n’est que celle décrite par les médias. Pour beaucoup d’entre nous, la vie au quotidien, fort heureusement n’a rien à voir avec cela. Puis-je alors me réjouir de mes journées, de mes rencontres, de ma vie sachant que le monde est injuste, que les inégalités ne font que croître, que notre bêtise est en train d’emmener l’humanité et la terre à la catastrophe ?

Quelle est donc la réalité ? La mienne, celle du monde, celle qui m’est décrite ? Comment ma perception de la réalité peut-elle contribuer à une vraie joie, une joie profonde de la vie qui s’accomplit sans être dans le déni de la réalité mondiale actuelle ? Quelle différence entre le réel et ma réalité ?

Selon la philosophie le réel désigne ce qui existe en dehors et indépendamment de nous et la réalité d’une interaction entre nous et le monde. Ils sont donc indissociables. Si j’arrête de penser, de ressentir, de voir, d’entendre, d’être et de vivre, le réel continue d’exister même si ma réalité disparait. De même tout accès au réel est indirect et passe par la connaissance de ma réalité. Réel et réalité sont donc indissociables et dans la suite de cet article, je ne les distinguerai pas.

Refuser la réalité sera toujours source de souffrance

Sophie râle à chaque fois qu’un client appelle pour ajuster le nombre de participants à un événement qu’elle organise. Comme cela arrive tous les jours et qu’elle n’accepte pas la réalité actuelle d’une clientèle volage, Sophie s’aigrit de mois en mois.

Le refus du réel est source de souffrance. A chaque fois que j’aimerais que les choses soient différentes qu’elles ne sont, je suis en tension, en souffrance, ma réalité est souffrance.

Comment l’inverse serait-il vrai ?

L’accueil et l’acceptation du réel seraient-ils source de joie ?

Effectivement dès que je cesse de lutter contre les choses qui ne sont pas comme j’aimerais qu’elles soient et que j’accepte la réalité, je n’ai plus de raison de souffrir.

Mais comment puis-je accepter cette réalité du monde d’aujourd’hui ? Ce serait bien naïf ou égoïste et la joie qui en découlerait ne serait que déni ou bécasse.

Pour avancer, regardons d’un plus près ce réel et sa réalité.

Le réel est la résultante de trois composantes : la matière, la vie et l’esprit.

Le réel est effet d’abord matière par la terre, l’eau, l’air, le feu et toutes ses émergences. Par exemple, une pierre, un objet, une rue, une fleur, une maison, une ville ou encore nos corps. Nous rencontrons tout d’abord le réel de la matière par nos sens qui devient alors notre réalité. Bien que la perception de chacun puisse différer selon sa sensibilité, la matière reste un élément du réel partagé par la majorité des personnes et peut faire consensus.

La réalité est donc d’abord celle de mon corps et de mon environnement physique. Accepter sa réalité physique est un premier pas vers la paix avec soi, un décentrement qui pourra ouvrir de nouveaux horizons.

Mais il y a bien en plus que de toutes ces descriptions en apparence statiques du réel : du mouvement, des interactions, des émergences. Toutes ces choses sont vivantes au sens qu’elles changent en permanence avec le temps qui passe : la vie, processus incessant d’accomplissement est un miracle permanent qui ne s’arrête jamais.

Ainsi la vie sous toutes ces formes fait partie aussi de ma réalité et donc du réel. Si elle est mystère, notre vie reste aussi notre première réalité : je nais, je grandis, je marche, je réalise des choses…. Chaque entité de l’univers vit selon sa forme incarnée et son propre processus. Un chat vit sa vie de félin, une fleur une vie de végétal. Pour la matière et la vie, tout l’univers en est le signe. La vie est processus.

Accueillir avec gratitude, émerveillement, questionnement cette vie qui circule en moi est source de gratitude, de calme et de joie. Cela peut aider dans des moments de souffrance. Lorsque je souffre d’un membre de mon corps, alors à chaque seconde, je suis rappelée à cette réalité qui me fatigue, qui m’invite à la conscience souffrante de mon corps. J’ai le choix : lutter ou accueillir. Pour m’aider à accueillir, je peux dire… « je suis bien vivante ». Cette douleur lancinante de mon corps me le rappelle à chaque seconde. A quoi cela m’invite-t-il ? à me poser, à écouter, à me rappeler le miracle de chacun de mes membres qui sont organisés de façon extraordinaire pour que je puisse, vivre, agir aimer, créer …

Et je peux aussi choisi d’exécrer cette réalité que j’expérimente. En effet, personne ne s’est qui nous sommes, d’où nous venons. Je suis confrontée à un réel que je n’ai pas choisi. Il est fugace, souvent déplaisant, injuste.

La conscience et le choix, des spécificités de l’humain

Nous humains nous avons cette mystérieuse capacité de pouvoir nommer, retenir, influer, transformer par notre esprit la matière et la vie. Dire oui, dire non. Dire non à cette réalité nous fait sombrer dans un accablement profond et la joie ne pourra bien-sûr pas s’inviter.  Elle sera même insolente ! Je peux dire oui, aussi, consentir à cette réalité quel qu’elle soit. L’effet est alors magique. Cet acte de consentement, acte de l’esprit est à la fois le plus simple, le plus décisif me met en route. La joie submerge celui qui dit oui car la vie peut s’y accomplir. Ce oui à ma réalité, au réel m’ouvre à l’inattendu et une myriade de possibles. Il est une forme d’abandon de mes idéaux, de mes projections, de mon programme de vie qui permet l’émergence d’un destin.

La mémoire, le désir, la conscience, l’intelligence, la volonté, les cinq dimensions que Marc Halévy propose dans son ouvrage les autres dimensions de l’esprit  pour approcher ce qu’est l’esprit vont alors nous permettre d’agir et d’ouvrir de nouveaux possibles.

Si la mémoire et l’intelligence sont bien présentes dans l’univers et dans la nature, pour ce qui est du désir, de la volonté, et la conscience nous pourrions nous accorder sur le fait qu’elles sont proprement humaines. La parole, la capacité de nommer, de choisir nous est propre.

Nous pourrions discuter du choix que nous aurions eu ou non à recevoir la vie. A priori, je n’ai pas choisi d’être ce que je suis, dans ce corps, à cette époque, dans cette famille etc… De manière assez basique, nous pouvons nous interroger sur l’inégalité des vies au départ. Toutes les vies valent-elles la peine d’être vécue ? Difficile de répondre. Face à certaines vies, je reste écrasée par le poids de la souffrance que je perçois. La réalité de ce point révolte certains.

Cette troisième dimension du réel, l’esprit, qui englobe la volonté, la mémoire, le désir, la conscience propre à l’humain sera celle qui permet de choisir d’accepter, d’accueillir, ma réalité. Celle-ci étant en premier lieu mon corps, ma vie, mon esprit dans un environnement physique et social, planétaire.

Commencer par accueillir, accepter le réel de sa vie est un acte de l’esprit d’abandon, d’ouverture au mystère de la vie. Cet acte de l’esprit est une forme d’acte de foi, premier pas du chemin de la joie, comme signe de la vie réussie.

Ainsi, consentir à sa vie est le premier pas vers la joie.

La racine de la joie est le consentement à la vie, à sa vie reçue à son insu. À Ma vie, et non celle de mon voisin, de mon frère, de celui dont j’entends l’histoire j’ai à consentir.

Très vite vient la question « est-ce toutes les vies sont-elles dignes d’être vécues ? » Bien m’en garde de répondre à une telle question ! A y réfléchir, il ne m’est pas demandé autre chose que de vivre et d’assumer la mienne. Je ne peux me mettre à la place de la vie d’un autre.

Et si mon frère en humanité souffre, ai-je le droit d’être heureux ? Puis-je choisir le bonheur ? Ne serait-ce pas être égoïste, indécent ?

Refuser de consentir à ma vie, à la joie de rendre grâce à ma vie reçue va-t-il apporter du soulagement à la souffrance de l’humanité ? Il est évidemment que non. Je vais mettre rajouter de la souffrance en choisissant une telle attitude. Consentir à sa vie est un acte de foi, d’humilité. En disant oui à ma propre existence, j’accueille le mystère de la vie, de ma vie. J’accepte de ne pas comprendre la souffrance de mes pairs en humanité, j’accepte la mienne et je me mets en route.

Sous prétexte de la souffrance, de l’injustice du monde, de la société, nombreux sont ceux qui refusent d’entrer dans la gratitude de leur existence, évitant ainsi le risque de s’engager dans leur propre processus d’accomplissement, d’individuation, de « mort » à leur égo.

Cet acte de l’esprit – consentir à sa vie – est le choix de chacun dans l’intimité de son cœur. Et de la même façon que l’on est seul à naître et à mourir, consentir à sa vie est un choix personnel. J’ose affirmer que s’y abandonner libère une puissance d’énergie de joie. Elle déclenche l’énergie de joie de l’enfant qui découvre et ouvre tous les possibles de la liberté, de la puissance d’agir, de vivre et d’agir. Consentir à sa vie est bien un acte de foi. Et la joie qui en découle est directement proportionnelle à notre aptitude à cette reconnaissance.

Consentir à sa vie pour servir la vie avec et par ce qu’on est

C’est le consentement au réel, à la réalité de son corps, de sa vie et de son esprit qui va initier un chemin permettant la réalisation d’un destin, de son destin. Je peux choisir d’enrichir le réel par ma vie en développant toutes mes potentialités et agir de manière responsable dans le monde d’aujourd’hui. En choisissant de prendre soin du réel qui m’est confié par ma vie, mon corps, mon esprit, je peux contribuer à produire des richesses et à œuvrer à un monde plus humain, plus vivant.  Alors la joie, qui se met au travail, devient compagne car j’accomplis en totalité ce que je suis au service de la Vie. La joie est le signe de la vie réussie, enrichie.

Et cela nous concerne TOUS, PARTOUT et TOUT LE TEMPS.

Ma part du réel est d’accompagner, dirigeants, équipes, organisations vers plus d’intelligence individuelle et collective. Sur ce chemin, je rencontre des personnes extraordinaires, chez les collaborateurs ou dirigeants : cela accroît ma joie. Et je rencontre aussi d’autres qui me font sentir que mon hypersensibilité pourrait être un handicap. La loi de l’entreprise, les règles du jeu économiques ne seraient pas les mêmes que dans nos familles, amis… Écraser son collègue, son concurrent : dans l’entreprise, certains coups seraient permis. Alors mon cœur se questionne. C’est une réalité que j’accepte. Depuis peu.  Et mon combat cesse. Je ne souffre plus face cette réalité. Mais je continue de choisir d’agir en harmonie avec ce que j’ai dans le cœur : notre vocation en tant qu’être humain est de mettre notre esprit au service de la vie est et c’est ce qui nous mets en joie.

Alors non seulement j’ai cessé de combattre, mais en plus la joie a émergé de mettre en route toutes mes potentialités vers plus de vie, plus de sens, plus de vérité dans tout !

En douceur, se mettre en route sur son chemin

Je propose pour ceux qui ont envie de se mettre en route sur ce chemin une semaine en itinérance avec d’autres. Un pas après l’autre, nous mettons chacun et ensemble la, sa joie au travail en identifiant ses talents, son style relationnel, son écologie personnelle, son expérience humaine. Ce travail de conscience, de mise en route de son processus de joie peut ainsi devenir force pour agir chacun où il est au retour de cette semaine.

Ceci vous parle, vous touche ? Contactez-moi !

Anne Finot, Sainte Marie la Mer, le 8 mars 2020

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