Après quelques jours de randonnée au départ de Rocamadour avec mon ami et collègue Philippe, je réalise une fois encore comment l’itinérance en marche me ressource, me nettoie et me fortifie. Si le souvenir tout le long de l’année est présent, quand je le revis, je me rends compte que j’ai en ai oublié la saveur et les effets.
Se nettoyer, se purifier : tel est l’un des projets portés dans mon travail, en prenant le temps sur plusieurs jours de marcher sans autre intention, que de se laisser enseigner par une danse harmonieuse entre le corps, le chemin, et l’essence divine de la nature.
Dès lors m’est venue la question de l’hygiène professionnelle : au travers de l’évolution du monde sous le prisme d’une transposition hygiénique de nos corps physiques et sociaux, qu’en est-il de l’hygiène au travail ?
Par ce phrasé, est appréhendée l’hygiène au travail comme un terme regroupant le bien-être physique, psychique et émotionnel. Cet article vise à explorer les méandres de cette interrogation : de mon expérience personnelle (I), à l’exploration de l’hygiène dans son terme (II), il invite chacun à mettre en place ses propres pratiques d’hygiène au travail (III).
I- L’hygiène professionnelle : une expérience avant tout personnelle
Le 21 août 2014, l’aventurier et écrivain Sylvain Tesson chute d’une hauteur de 10 m. Après plusieurs jours de coma, il retrouve la vie et réapprends à marcher. Pour retrouver et rendre grâce à la vie, il part à pied traverser la France sur les sentiers oubliés de la campagne, dits « chemins noirs ». Nombreux sommes nous à avoir faire l’expérience de l’itinérance comme un moyen de se reconnecter à soi. Il en est de même de mon expérience : marcher en itinérance est une expérience personnelle de reliance au vivant en soi.
La joie commence lorsque je prends mon agenda pour bloquer les jours. Là où je vais est secondaire : ce sera bien, le bon chemin, la bonne nature, le temps idéal pour vivre ce qu’il aura à vivre.
Quelques semaines avant le départ, je suis dans l’anticipation de la joie à être en chemin. La préparation du sac, l’organisation des rendez-vous avec Philippe sont rapides … cela se concrétise, une forme d’excitation me fait prendre du recul sur tout.
Le premier jour, nous marchons. pas d’autres programmes. Pas d’objectifs. Nous laissons nos jambes avancer toutes seules et créer du vide.
Tranquillement, lentement, mon âme se retrouve, se relie, se reconnecte à moi, à la vie, au chemin, à la terre. La vie, la joie frétillent dans mes pieds qui marchent.
Naturellement, les sujets arrivent, nous les accueillons.
Tranquillement nous les explorons.
Des imprévus (un – prévu) se présentent sur le chemin des choix, décisions, des solutions émergent. Tout cela sans précipitation et dans un temps juste.
Ces moments de réalignement sont un véritable reset physique, émotionnel et spirituel. Ils constituent ma pratique d’hygiène professionnelle.
Et vous, quelles sont vos pratiques pour prendre soin de vous dans vos vies personnelle et professionnelle ?
Explorons un peu ce que l’on entend par hygiène professionnelle.
II- L’hygiène : appréhension historique du terme
Le mot hygiène provient du nom de la déesse grecque Hygie, déesse de la santé et de la propreté.
L’hygiène est l’ensemble des principes et des pratiques tendant à préserver et améliorer la santé. Elle prévient ainsi les infections et l’apparition de maladies infectieuses en se basant essentiellement sur le nettoyage, la désinfection, la conservation des aliments.
Un grand pas a été fait au XXIème siècle grâce au médecin Ignaz Semmelweis -connu comme le père de l’hygiène des mains- travaillant à l’hôpital général de Vienne. Il s’est rendu compte qu’en se lavant les mains, le taux de mortalité à l’hôpital a chuté de 12 à 2 %. Ce n’est pas si vieux que cela par rapport à son origine grecque ! Et il a été la risée de ses pairs à l’époque.
Il a donc fallu du temps pour que l’hygiène corporelle soit une évidence pour nous.
Les principes correspondants sont aujourd’hui inculqués dès les premiers apprentissages de l’enfant. Est même répertoriée une maladie, l’incurie, condition comportementale dans laquelle un individu néglige ses propres besoins du corps. Cela provoque des problèmes de santé. En effet, en raison d’un manque d’hygiène, des microorganismes peuvent se développer et des blessures mineures peuvent s’infecter.
Tout cela pour dire que l’hygiène sous entendu du corps n’est plus un sujet !
III- L’hygiène professionnelle : une nouvelle discipline à mettre en oeuvre
En ce qui concerne notre psychisme, les pratiques sont assez disparates selon les individus et peu de repères collectifs existent. On parle d’hygiène professionnelle, d’hygiène au travail dans quelques métiers mais cela reste optionnel et bien insuffisant. La mode du bien-être au travail pourrait y contribuer mais rien que le terme en dit long sur le chemin qu’il reste à parcourir.
La surcharge mentale due aux mondes virtuels, aux pressions diverses et variées autour de la réussite, à la surconnexion provoquent pourtant bien des maladies psychiques : dépression, burn-out, bore out pour les plus courantes.
N’est-il pas temps d’acquérir une discipline d’hygiène psychique dans nos vies personnelles et professionnelles ?
L’hygiène corporelle n’est plus un effort pour la plupart d’entre nous. Je rève qu’il en devienne ainsi pour notre vie au travail.
Commençons par nous même… et partageons nos best practices pour que cela devienne peu à peu une évidence collective.
Comme énoncé au début de cet article, la mienne consiste à partir marcher plusieurs jours en itinérance sans autre intention que de marcher et laisser le chemin et la nature m’enseigner.
Quelles sont les vôtres ?
Quelles sont les activités quotidiennes, hebdomadaires, annuelles qui vous permettent un vrai reset physique et psychique ?
Au plaisir de vous lire, voir de vous accompagner sur des chemins en itinérance 😉 !
Anne Finot
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